Le fondateur d'Arkane dénonce l’insoutenabilité du Game Pass pendant les licenciements chez Xbox

Suite aux récents licenciements chez Xbox, Raphael Colantonio, fondateur du studio Arkane Studios propriété de Microsoft, a critiqué le Game Pass, qualifiant son modèle d'abonnement d'« insoutenable ».

Colantonio, qui a fondé Arkane Studios, connu pour Dishonored et Prey, et a ensuite créé WolfEye Studios à l'origine de Weird West, a pris la parole sur les réseaux sociaux en questionnant : « Pourquoi l'industrie reste-t-elle silencieuse face à un problème évident ? Tousse Game Pass. »

Interpellé pour approfondir ses propos sur le Game Pass, qui avait présenté Weird West en sortie day-one en mars 2022, Colantonio a déclaré : « Le Game Pass est un modèle insoutenable qui nuit à l'industrie depuis des années, soutenu par les immenses ressources de Microsoft. La réalité finira par le rattraper. Il ne peut pas coexister avec d'autres modèles — soit il domine, soit il s'effondre. »

Les remarques de Colantonio ont déclenché un débat houleux sur l'impact du Game Pass sur l'industrie et les consommateurs. Le service d'abonnement de Microsoft est clivant : certains le considèrent comme la chute du jeu vidéo, tandis que d'autres y voient une bouée de sauvetage pour les petits développeurs qui bénéficient des paiements de Microsoft pour y inclure leurs jeux. Lors du procès de la FTC concernant l'acquisition d'Activision Blizzard par Microsoft pour 69 milliards de dollars, l'ancien patron de PlayStation Jim Ryan avait affirmé que « chaque éditeur » à qui il avait parlé détestait le Game Pass, le qualifiant de « destructeur de valeur » et notant les pertes financières significatives de Microsoft.

En 2021, le responsable de Xbox, Phil Spencer, avait réfuté les critiques en affirmant : « Certains prétendent que nous brûlons de l'argent pour un bénéfice futur. Ce n'est pas vrai. Le Game Pass est tout à fait soutenable et en croissance. »

Aujourd'hui, après que des licenciements ont conduit à l'annulation de projets comme Everwild de Rare, le reboot de Perfect Dark, et un MMO non annoncé de l'équipe The Elder Scrolls Online, des questions subsistent sur la viabilité du Game Pass.

Les points de vue de Colantonio ont trouvé un écho parmi des personnalités de l'industrie, notamment un ancien vice-président du développement commercial d'Epic Games. Michael Douse, directeur de l'édition chez Larian, le studio derrière Baldur's Gate 3, a exprimé des inquiétudes concernant la dépendance du modèle à « l'argent infini », soulignant que c'est une raison clé pour laquelle beaucoup évitent de l'adopter. « Cela n'a jamais eu de sens économique », a déclaré Douse.

(Il est à noter que Baldur's Gate 3 n'est pas sorti sur le Game Pass ni sur le PlayStation Plus.)

Colantonio s'est moqué de l'affirmation de Microsoft selon laquelle le Game Pass ne nuit pas aux ventes de jeux, en pointant des admissions ultérieures prouvant le contraire.

Douse a fait l'éloge de l'approche de Sony, qui retarde la sortie des jeux first-party sur le PlayStation Plus. « La gestion du cycle de vie chez Sony est plus intelligente », a-t-il déclaré, notant que bien que Ghost of Yotei ne sortira pas sur le PS Plus, Call of Duty: Black Ops 7 sera une sortie day-one sur le Game Pass.

« Le Game Pass ne peut coexister sans nuire à l'industrie qu'en tant que service de catalogue rétrospectif », a conclu Colantonio.

Bien que des rapports suggèrent que les licenciements de Microsoft découlent de son virage vers l'IA plutôt que de difficultés dans le jeu vidéo, Colantonio a balayé cela comme étant « une excuse ».

Il a argumenté : « Les chiffres ne sont pas bons pour la plupart des éditeurs, développeurs, et même pour Xbox une fois que l'investissement ralentit. »

Interrogé sur les raisons pour lesquelles Microsoft persiste avec le Game Pass malgré sa prétendue insoutenabilité, Colantonio a expliqué qu'il est encore dans une « phase d'acquisition de clients », tablant sur de futures recettes d'abonnement pour compenser les coûts. Il a souligné les dépenses massives de Microsoft en acquisitions comme ZeniMax et Activision Blizzard, qui seraient, selon lui, masquées dans les rapports financiers via l'amortissement.

Pour les joueurs, le Game Pass offre une valeur inégalée, permettant l'accès à une vaste bibliothèque, incluant des sorties day-one comme Call of Duty, pour une fraction du prix d'achat individuel. Pourtant, Colantonio a averti que cette offre « trop belle pour être vraie » pourrait se retourner contre eux.

« Une fois que Microsoft dominera, la qualité des jeux pourrait décliner et les prix des abonnements pourraient flamber », a-t-il prédit. « Les joueurs l'adorent maintenant, mais l'impact à long terme sur l'industrie pourrait blesser tout le monde. »

Microsoft reste très discret sur les performances financières du Game Pass. Son dernier rapport (pour le trimestre clos le 31 mars 2025) a noté une croissance de 8 % en glissement annuel du contenu et des services Xbox, en partie grâce au Game Pass, avec un revenu du PC Game Pass en hausse de 45 %. Le nombre d'abonnés et le chiffre d'affaires total restent cependant non divulgués.

Dans une interview en avril avec Variety, le patron de Xbox, Phil Spencer, a décrit le Game Pass comme « une option saine pour certains », mais pas universelle. « Si vous ne jouez qu'à quelques jeux par an, les acheter directement est plus judicieux », a-t-il dit, soulignant que tous les jeux du Game Pass sont disponibles à l'achat.

« Notre croissance est la plus forte sur PC et Cloud », a ajouté Spencer. « La console reste solide, mais ce n'est pas le segment à la croissance la plus rapide. Le Game Pass fait partie de notre stratégie pour atteindre de nouveaux joueurs, ce n'est pas le seul chemin. »